Janelia Research Campus
Lundi et mardi derniers (11 et 12 décembre), j’étais à Janelia Research Campus pour le travail. Je n’ai pas eu le temps de prendre des photos, cela dit ce centre de recherche se trouve à Ashburn, Virginia : autrement dit, au milieu de nulle part… Mais je comptais quand même écrire quelques mots pour raconter ce court voyage.
C’est au milieu de nulle part, dans une campagne assez vide et inintéressante, mais le centre de recherche lui-même est un endroit fantastique où travailler : super équipé pour plusieurs techniques de biochimie et biologie structurale, et avec les locaux sont très récents.
Janelia est un centre de recherche entièrement financé par le Howard Hughes Medical Institute (HHMI, qui se trouve être aussi mon employeur), spécialisé en neurosciences. Une particularité intéressante de ce centre, c’est que les gens qui y travaillent n’ont ni à chercher leurs propres financements, ni à enseigner, contrairement à ce qui se pratique couramment dans les universités. Cela fait partie de la stratégie de recherche de HHMI, qu’ils résument par “funding people, not projects” (nous finançons des personnes plutôt que des projets) : ils investissent dans des chercheurs sans évaluer une proposition de projet (mais en évaluant quand même les accomplissements précédents des chercheurs), ce qui favorise la créativité en laissant une liberté assez large aux chercheurs pour entreprendre des recherches risquées (au sens où les résultats sont difficiles à anticiper).
Mes recherches n’ont rien à voir avec les neurosciences, si j’y suis allé c’est parce que Janelia dispose d’un laboratoire de microscopie électronique équipé de deux microscopes et détecteurs de dernière génération (pour les curieux, le microscope est un FEI Titan Krios, et le détecteur un Gatan K2 Summit direct electron detector). La microscopie électronique a fait des progrès technologiques énormes ces dernières années, notamment avec des meilleurs détecteurs et des meilleures techniques d’analyse d’image. Ces progrès ont été remarqués avec l’attribution cette année du prix Nobel de chimie à trois chercheurs ayant contribué aux premiers développements de cette technique appliquée aux molécules biologiques. Tout cela permet désormais à des chercheurs comme moi qui étudient de tout petits objets d’employer cette méthode. Comme ma chef est financée par HHMI, notre labo a accès à ces équipements gratuitement ; il faut seulement payer pour envoyer les échantillons, mais le temps d’utilisation nous est offert.
Ma présence sur place était utile lundi pour choisir les zones de l’échantillon où collecter des images, ensuite la collecte s’est déroulée automatiquement jusqu’à ce matin (bien après mon retour). Je devrais bientôt recevoir par la poste le disque dur contenant les images (il y a bien trop d’images, et chacune est bien trop volumineuse, pour pouvoir les transférer par internet en un temp raisonnable), et à partir de ce moment l’analyse des images me prendra au moins deux semaines, probablement plus.